Les enfants du désert

12/06/2022

A la rencontre des Wayuus

Pendant l'excursion à la Guajira, nous avons traversé plusieurs déserts. 

Après avoir passé Cabo de Vela, nous avons croisé différents « villages » Wayuus (parfois juste une maison). Les Wayus font partie des indigènes de cette région. C'est un peuple très pauvre qui vit dans des conditions climatiques extrêmes. Ils semblent vivre de leur bétail uniquement, bien que nous ayons vu des animaux d'une extrême maigreur et également des cadavres de vaches sur notre route. L'ancrage du peuple Wayuu (tout comme nombre d'autres peuples indigènes) sur le territoire Colombien pose de nombreux questionnements tant dans son histoire et son "rattachement" avec la Colombie que dans le rôle joué par le gouvernement de nos jours.

Ces indigènes ont donc trouvé comme solution de tendre des barrages (petite corde entre deux arbres) sur la route des 4X4. Pour passer, il faut donner quelque chose. Ça peut être une friandise, comme du café, ou encore de l'eau. 

Résultats : comme tous ses dons sont emballé dans du plastique (même l'eau est contenue dans de petites poches à usage unique), le désert ressemble par endroit à une poubelle à ciel ouvert. L'un des exemplesl es plus flagrants sont les emballages accrochés dans les cactus à perte de vue. Il peut y avoir jusqu'à 10 barrages qui se succèdent, parfois d'une dizaine de mètres seulement. Chacun attend de recevoir de quoi se remplir l'estomac.

Cette pratique nous a tout d'abord choqué car les premiers impliqués sont les enfants :

  • Des bébés en couche, posés par terre en plein cagnard, sous la surveillance d'un ainé de moins de 10 ans, qui attendent qu'un 4X4 passe leur barrage; 
  • des enfants qui courent aussi vite que possible vers leur barrage pour être sûr que la corde est bien tendue à notre passage, sinon ils n'auront rien;
  • A chaque barrage, notre chauffeur donnait soit une petite poche d'eau soit une friandise, soit les deux, mais parfois pour ce gain 5 enfants attendaient, certains n'auront donc rien
  • Si le gardien du barrage n'est pas assez rapide, ou content de son gain, alors il verra son barrage écrasé par notre 4X4;
  • Si l'enfant ne s'approche pas assez rapidement après avoir descendu sa corde, alors sa récompense lui sera jeter par la fenêtre... Nous avions l'impression d'être au zoo dans ces moments là.

Cette fausse « générosité » face à cette pauvreté nous a amené à différents questionnements :

 Comment éviter d'apporter du sucre en barre et de l'eau sous plastique à ces personnes ? 

N'est-ce pas de la maltraitance camouflée envers les indigènes ? 

Comment faut-il aider ses populations ? 

En participant à leur système de barrage, nous apportons certes de l'eau potable en petite quantité, mais nous faisons aussi perdurer la malbouffe, la mendicité, le "rabaissement" de ce peuple. Vous l'avez compris, nous avons été très mal à l'aise en découvrant ce qu'il se passe dans ce désert.

En bon urbaniste ingénieur (Axel) et ayant travaillé dans l'aide au développement au Cameroun, Malo et moi-même continuons de nous poser de nombreuses questions sans pour autant avoir la "global picture" et tous les détails. Nous n'avons pas réussi à trouver beaucoup d'information sur ce peuple et sur l'histoire qui le lie au territoire. 

Néanmoins, nous repartons de ce territoire plein de dualité (si riche et si démuni à la fois) avec un sentiment critique (sans être moralisateur) du pouvoir gouvernemental et sur la manière d'apporter de l'aide et d'améliorer les conditions de vie des populations locales (et colombiennes donc !). Comme souvent, l'aide apportée semble se focaliser sur une réponse primaire (voiries et ouvrages d'arts (ponts), électricité, distribution d'eau, conservation du chemin de fer pour le transport de fret) et reste relativement rudimentaire (95% du territoire est maillé par des pistes terreuses/sableuses). 

Malheureusement, les besoins primaires ne sont plus les seuls besoins des populations. Les moyens d'accompagner les populations en difficulté et de lutter contre la frénésie des changements qui impactent notre environnement sont tout aussi importants : apporter des réponses vis-à-vis de l'adduction à l'eau potable, l'accompagnement des populations sur des territoires à risque, les déchets, l'éducation et la santé mais aussi le lien avec le territoire colombien et sa population. Le "tourisme solidaire" semble être l'une des réponses prônées par le Gouvernement. Nous estimons, toujours sans être moralisateur, qu'il faut réfléchir autrement.

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